SOFIE VANGOR
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JE VEUX ET J'EXIGE ! Performance et exposition -invitée par partycontent- (Art au Centre)
Performance participative et exposition
L’art de paraître //
Party Content est un projet culturel aux multiples facettes qui a pour vocation de montrer et présenter de l’art là où on ne l’attend pas.
Entre octobre 2017 et 2018, une dizaine d’expositions ont pris place en plein cœur du quartier le plus animé de Liège, le Carré. Les trois étages du café l’Escalier ont été aménagés pour accueillir notamment art vidéo, photographie, affiches, performances et autres œuvres. Après chaque exposition, Party content a intégré des œuvres d’art dans des vitrines de commerces vides de Liège.
La performance de Sofie Vangor a pris place dans l’une de ces manifestations. Celle-ci mettait en évidence son projet intitulé « JE VEUX ET J’EXIGE ! » (installation /performance).
Cette série d’événements s’est terminé par l’Elexposition. Souhaitant saisir une rare opportunité de s’exprimer en rue et d’offrir celle-ci aux artistes, Party Content a présenté une liste aux élections communales de la ville de Liège de 2018. Cette liste a permis d’obtenir un accès officiel aux 33 panneaux électoraux dispersés sur la commune et d’y exposer les œuvres de 33 artistes liégeois, belges et étrangers. À la suite de Party Content, Art au centre a vu le jour en reprenant le principe d’investir des vitrines de commerces vides avec de l’art.
L’art de Sofie Vangor n’entre dans aucune case. Telle un électron libre, cette artiste pluridisciplinaire recherche avidement le changement et est sans cesse à l’affut de nouveaux médiums avec lesquels développer sa créativité. Elle a ainsi touché à la peinture, la gravure, la broderie ou encore la performance. Une pratique l’accompagne cependant de manière indéfectible depuis bientôt cinq ans : le tatouage éphémère.
C’est peu de temps après avoir expérimenté la performance, dans Nonante jours (2014), que l’artiste liégeoise réalise pour la première fois un tatouage sur elle-même à l’occasion de la Pigeonne morte (2014). Depuis, ils se sont démultipliés, sur son corps ou celui d’autrui, et ils font maintenant partie intégrante de son art.
Ces tatouages, elle les réalise en apposant différentes matrices – creusées par ses soins – directement sur sa peau ou celle de volontaires. En imprimant sur la peau, elle transgresse une technique traditionnelle déjà présente dans son travail, la gravure, et l’allie à un autre médium, la performance. Cette méthode permet également à Vangor de combiner deux éléments extrêmement importants dans sa pratique à savoir l’écriture et le corps. Elle puise en effet dans ses textes et ses souvenirs pour réaliser ses matrices.
Son Œuvre est fondamentalement autobiographique et les textes qu’elle reprend pour ses visuels sont d’ailleurs directement liés à son histoire personnelle. L’utilisation symbolique du tatouage s’inscrit dans cette tendance car elle prend racine dans un moment marquant de sa vie. Il s’agit du jour où un policier lui demanda d’identifier le corps de son parrain par son seul tatouage. Ce tatouage que l’artiste eut sous les yeux durant tant d’années devint soudainement, par sa disparition et son absence, une image fugace. Paradoxalement, cette trace indélébile, permanente, se transforma en une trace éphémère. Cette marque désormais invisible est pourtant à jamais inscrite dans sa propre chair, sa mémoire. Ce qu’elle désigne comme étant la mémoire du corps.
Le tatouage peut recouvrir différentes fonctions chez Vangor. Par sa nature biographique, il semble être avant tout cathartique en exultant ses traumatismes et en renforçant sa Résilience (2017). Le tatouage est alors stigmate. Il peut également être sensuel, érotique, par cette façon qu’il a de donner le corps à voir mais aussi par ses propriétés tactiles (il faut pouvoir manipuler la peau pour pouvoir l’apposer). Dans Sauvage (2016), l’artiste fait explicitement référence aux rituels tribaux notamment par le biais de masques. De ce contexte, le tatouage se révèle être un signe identitaire qui fédère et rassemble des individus. Il donne un sentiment d’appartenance et permet à Vangor d’échanger avec autrui. Enfin – dans des performances comme Je veux et j’exige (2018), Épousemoi (2018) ou des projets comme Trouvons la sortie ! (2019) – le tatouage lui sert d’outil de contestation. La peau se fait l’étendard des protestations et des revendications de l’artiste ou du public. De même, il permet de désacraliser l’art en le sortant des galeries et des musées ou de questionner la relation entre l’image et le corps.
Ce faisant, Sofie Vangor se place dans la lignée d’artistes – tels Valie Export, Ulay, Wim Delvoye ou Santiago Sierra – qui ont joué avec les caractéristiques inhérentes de cette pratique ancestrale. Comme eux, elle ressent le besoin de revenir au corps pour prendre position et exploite le tatouage pour les symboliques qui en découlent. Elle s’en détache néanmoins par le rapport intime qu’elle entretient avec et l’intentionnelle éphémérité de son action.
Alix Nyssen
Historienne de l’art spécialisée dans le tatouage (ULiège)
Sofie Vangor's art does not fit into any box. Like a free electron, this multidisciplinary artist is eagerly seeking change and is constantly on the lookout for new mediums with which to develop her creativity. She has thus dabbled in painting, engraving, embroidery and performance art. However, one practice has been with her unwaveringly for almost five years: ephemeral tattooing.
It was shortly after experimenting with performance, in Nonante jours (2014), that the Liège-based artist made a tattoo on herself for the first time on the occasion of Pigeonne morte (2014). Since then, they have multiplied, on her body or that of others, and they are now an integral part of her art.
She creates these tattoos by affixing different matrices - dug out by herself - directly onto her skin or that of volunteers. By printing on the skin, she transgresses a traditional technique already present in her work, engraving, and combines it with another medium, performance. This method also allows Vangor to combine two extremely important elements in her practice, namely writing and the body. She draws on her texts and memories to make her matrices.
Her work is fundamentally autobiographical and the texts she uses for her visuals are directly linked to her personal history. The symbolic use of the tattoo is part of this trend as it is rooted in a significant moment in her life. It was the day a policeman asked him to identify the body of his godfather by his only tattoo. This tattoo, which the artist had had in front of him for so many years, suddenly became, through its disappearance and absence, a fleeting image. Paradoxically, this indelible, permanent mark was transformed into an ephemeral trace. This now invisible mark is nevertheless forever inscribed in her own flesh, her memory. What she refers to as the memory of the body.
Vangor's tattoo can have different functions. By its biographical nature, it seems to be above all cathartic by exulting her traumas and reinforcing her Resilience (2017). The tattoo is then a stigma. It can also be sensual, erotic, by the way it gives the body to be seen but also by its tactile properties (one must be able to manipulate the skin to be able to affix it). In Sauvage (2016), the artist makes explicit reference to tribal rituals, notably through the use of masks. From this context, the tattoo reveals itself as a sign of identity that federates and brings together individuals. It gives a sense of belonging and allows Vangor to exchange with others. Finally - in performances such as Je veux et j'exige (2018), Épousemoi (2018) or projects such as Trouvons la sortie! (2019) - the tattoo serves as a tool of protest. The skin becomes the banner of the artist's or the public's protests and demands. It also allows her to desecrate art by taking it out of galleries and museums or to question the relationship between the image and the body.
In doing so, Sofie Vangor places herself in the line of artists - such as Valie Export, Ulay, Wim Delvoye or Santiago Sierra - who have played with the inherent characteristics of this ancestral practice. Like them, she feels the need to return to the body in order to take a stand, and exploits tattooing for the symbolism that comes with it. She nevertheless detaches herself from it by the intimate relationship she maintains with it and the intentional ephemerality of her action.
Alix Nyssen
Art historian specialising in tattooing (ULiège)